affiche pour le film

La Beauté du diable (film, 1950)

Le cinéma français s’attaque au mythe de Faust. J’ai lu quelque part que ce film appartenait au réalisme poétique. Il s’agit d’une comédie dramatique, voire fantastique. René Clair (1898-1981) situe son récit au XIXe siècle. Le royaume n’est pas précisé, mais semble plus balkanique que germanique. L’empire austro-hongrois est sans doute le contexte que l’on désirait suggérer. Les éléments religieux du sujet sont, cette fois, presque totalement évacués.

La grande trouvaille narrative de cette adaptation est la permutation de l’apparence des personnages. Gérard Phillipe, Méphistophélès, devient Faust jeune alors que Michel Simon, le vieux Docteur, devient le démon. Faust s’il a retrouvé sa jeunesse, n’a plus rien, car, il n’est plus personne. Le célèbre docteur ayant disparu on aura tôt fait d’accuser le jeune étranger de la mort du savant. Cet élément de l’intrigue permet un habile dénouement.

Faust ne se laisse pas convaincre facilement. S’il accepte quelques cadeaux de Méphisto, il se garde bien de s’engager à quoi que ce soit. Comme on peut le voir aussi dans la version de Murnau; les cadeaux du démon ont souvent des conséquences inattendues. Mais Faust tient tête. L’ange des ténèbres offre encore plus, puis il rompt le charme alors que Faust a pris goût à l’amour… Ce dernier a vite fait de comprendre qu’il a été manipulé. Amer, mais bon joueur, il accepte la fonction princière que lui permet sa tractation avec le Malin. On a droit ici à quelques clins d’oeil avant-coureurs, voire anachroniques. La science de Faust est immédiatement transformée en science de mort. Faust vient d’entrer dans le XXe siècle.

Mais Faust demande une dernière faveur à son serviteur, il veut connaître son futur…