La Damnation de Faust
Affiche illustrée en couleurs par Gustave Fraipont, 1878.

Il n’était pas nécessaire de lire la source de la citation pour réaliser qu’il s’agissait d’un extrait de l’air des bijoux du Faust de Gounod. Si le Faust de Goethe reste une version phare, elle est loin d’être la seule interprétation dramatique ou littéraire. Il en est de même pour Faust de Gounod. Le compositeur est loin d’être le seul qui se soit attaqué au mythe. Mais je ne serais pas surpris que cette oeuvre ait supplanté le Faust classique dans la tête de bien des gens; au point où on en oublie l’inspiration.

Quelques années avant Gounod, Berlioz s’y est frotté avec son La damnation de Faust (1846). Un presque opéra* qui suivait et reprenait les thèmes des Huit Scènes de Faust (1828) que le compositeur avait adressées directement au dramaturge allemand, qui était alors encore vivant. On reconnaît aussi une claire filiation entre le mythe et le cinquième mouvement de sa Symphonie fantastique (Songe d’une nuit du Sabbat).

* Je n’entrerai pas ici dans un exposé musicologique; je laisserai plutôt la parole à M. Reibel.
«Il y a bel et bien de l’opéra dans La Damnation, mais si peu! […] Les rares récitatifs donnent l’illusion d’une intrigue qui progresse, mais l’action est en réalité discontinue. »

Faust – La musique au défi du mythe
Emmanuel Reibel, Les chemins de la musique, Fayard 2008 p.126.